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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 22:17

La 607 grise métallisée aux vitres fumées attend devant la porte. Le chauffeur lit "Le Parisien" semble t il et j'espère secrètement qu'il en a d'autres dans sa boîte à gants, "Le courrier international" ou "Le monde " étant plus propices pour égrener ce fastidieux boulot habité par l'attente.

Cette visite de Mme la Ministre est une case de plus dans ce parcours de petits chevaux, sautant chaque jour d'une visite ça et là, similaire à son prédecesseur, même couleur, même saveur, tentant de distancer un concurrent qui pourrait la rattraper et la faire sauter pour un retour au paddock, tournant en rond mais convaincue par la grâce de sa course qui la ferait favorite et exclusive.

 

Il y a 3 semaines, je l'ai entendu se faire huer lors d'un colloque réunissant les professionnels de l'enfance alors qu'elle alignait les grandes lignes de la politique à la famille qu'elle défend. Mais je me suis outrée avant tout de celui qui doit être payer grassement à la conseiller. L'envoyer affronter une meute de plus de 500 personnes votant essentiellement à gauche avec un discours si consensuel, répété sans doute des dizaines de fois par trimestre, c'était indécent. Curieusement, j'ai repensé au Discours de Dakar, malgré moi et au mauvais gôut qui prédomine dans les cabinets ministériels.

Mais à l'écran , c'était une belle femme et j'étais curieuse d'observer sa féminité de plus près et de constater par moi-même que notre président a le goût des belles femmes, exceptées Nadine et Roselyne qui boxent hors catégorie.

On lui reconnait son goût de la discrétion: 1 voiture, 1 chef de cabinet, 1 garde du corps, 1 journaliste et Elle. Discrétion ou indifférence, elle ne déplace pas les foules ou cela a-il déjà une odeur de fin de règne?

Blague à part, elle arrive à dire qu'elle a eu 7 grossesses et 4 enfants et que les allocs'  lui permettaient de partir au ski avec ses gosses. Mettons ça sur le compte de la naïveté et ravalons notre salive car un ministre ou futur ministre ne peut de toute façon décemment pas savoir à quoi servent les allocations familiales. C'est un non-sens absolu, une confusions des genres. Excusons là et continuons la visite.

C'est le temps de la table ronde, professionnels et patientes, quelques bébés, l'heure du grand oral.

A un mètre de distance, je peux l'observer à loisir et confirmer aisément qu'il a bon goût le coquin. Tailleur joliment coupé, une grosse broche doré sans ostentation, un visage avec du caractère, un regard vif, elle a de jolies jambes gansées de noirs. Elle porte la cinquantaine, haute et belle, un brushing et un maquillage élégant, cette femme a une certaine classe nourrie par sa propre classe, au même titre que mes baskets rafistolées qui annonceraient presque mon origine sociale au premier passant.

Elle questionne, elle écoute un peu et elle répond beaucoup. Personne n'ose manger une viennoiserie offerte pour l'occasion, on s'autorise un discret sucage de café dans de vraies tasses qu'on ose à peine déposer par peur du tintement.

C'est à la fois formel et complètement décalé que je me sens comme dans une réunion de synthèse mal ficelée avec des partenaires ignorant leur sujet mais tentant de fourguer leur dernière recherche, leur dernière innovation pour combler le vide de leurs connaissances.

Quelqu'un amène le sujet des moyens pour garantir une continuité cohérente au travail que l'on tente de mener. On prononce le mot "sortie", on me montre de la main, j'entends "il n'y pas les moyens, on a beaucoup de mal à faire des sorties de qualité", je pense "Ah bon, Tu veux qu'on fasse la liste?" et on m'invite à parler de la suite, de la sortie sur laquelle tout le monde s'insurge comme si c'était une plaie béante  quand moi je me réjouis de constater, contre toute attente, que je ne connais pas encore la crise par je ne sais quel miracle.

Aujourd'hui, je n'ai pas joué mon rôle d'assistante sociale engagée, colérique, la bouche dure et le mot sec. Il y aurait eu trop à dire, de la politique d'immigration à la loi DALO, aux baisses de subvention sur l'hébergement. La secrétaire d'état n'aurait pas suffit. Il aurait fallu le Conseil des Ministres tout entier.

Et surtout hors de question d'entretenir le cliché professionnel qui nous colle à la peau. Soyons Nouvelle vague, chic et élégante dans le propos, innovons le discours: rénovons l'image de l'assistante sociale! Rénovons l'UMP!Ahahaha!

Et nous voilà parties dans un échange d'une dizaine de minutes sur les mutations de la société et la lenteur de notre système de protection sociale à se réformer à son rythme, exemples à l'appui, des politiques départementales inégales quant à la protection de l'enfance, des moyens existants inadéquats et forcément insuffisants aux besoins, des bienfaits de l'autorité parentale partagée et de l'absence d'informations quant à son cadre législatif. Un échange tenu et cordial, dont j'ai simplement apprécié la longueur, sans plus mais qui m'a permis simplement de vérifier que désormais l'élégance féminine ne m'effrayait plus.

J'épargne les grandes lignes de ses propos, confirmant qu'un politique n'entend qu'un seul mot pour mieux rébondir dessus et nous sortir inexorablement sur quoi il a planché ses derniers temps, quel qu'en soit le goût ou la couleur, agrémenté superficiellement d'un additif pour unifier le tout.

 

Jeux de mots, jeu d'écoute et jeux de dupes. A ton tour, relances le dé, case suivante!

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